Cette journée de réflexion autour de la thématique de la ʺdécolonisationʺ ou « désoccidentalisation » des pratiques de l’aide internationale s’inscrit dans le mandat de l’Observatoire Ethique et Santé Humanitaire (OESH), dont l’objectif est de nourrir une réflexion critique sur l’action humanitaire en particulier dans le domaine de la santé.
L’aide internationale a déjà fait l’objet de nombreuses critiques depuis les années 70. Elle a été accusée de perpétuer l’hégémonie occidentale dans les pays du Sud, de les maintenir dans des rapports de dépendance ou encore de (re)produire continuellement des représentations disqualifiantes et victimisantes de leurs populations, toujours dépeintes en terme de « manque » par rapport aux attributs des sociétés occidentales. Devenu un business à part entière, la marchandisation croissante de l’aide a aussi été pointée du doigt, de même que sa bureaucratisation et sa déconnexion croissante des réalités du « terrain ».
Avec le mouvement Black Lives Matters, et malgré les multiples réformes que ce secteur a entrepris au cours des dernières décennies, la critique de l’aide a pris une nouvelle ampleur : elle s’impose désormais dans le débat public avec une multiplication d’appels à « décoloniser » le système de l’aide et à questionner les rapports de domination et le racisme structurel sur lesquels les imaginaires et les pratiques de celui-ci reposerait. Mais quels sont exactement les éléments nouveaux que cette critique décoloniale apporte au débat sur l’aide ? Quels en sont les apports, notamment pour penser les hiérarchies et les inégalités que le système de l’aide (re)produit, mais aussi les limites et les inévitables simplifications que cette critique véhicule? Et surtout, comment pourrait-on concrètement « décoloniser » le système de l’aide et qui serait légitime pour le faire?
C’est sur ces questions, dans un souci de dialogue et d’échanges, que des praticienn.es de l’aide et des chercheur.es en sciences sociales apporteront leur éclairage. Ils et elles se focaliseront plus particulièrement sur l’action « humanitaire », ici comprise comme une forme spécifique de l’aide internationale, qui rassemble des acteurs hétérogènes mais dont le point commune est de s’inscrire dans une logique d’urgence et de secours médical, social ou alimentaire, plutôt que dans une logique de « développement ».
Dans les médias :
– Forum du 17.09.2022
– Tribu du 20.10.2022
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