Emmanuel Altit

Conseil principal à la Cour Pénale internationale, il a aussi participé à de multiples négociations pour libérer des otages dans différents pays ; il est par exemple intervenu dans l’affaire Gilad Shalit.

Pour trouver une issue au drame des otages il faut changer de perspective et analyser la situation d’un point de vue différent, celui des familles d’otages. Cela permettra de proposer des voies d’action différentes, des voies d’action réalistes, et de sortir du dilemme qui se pose aux autorités israéliennes. C’est en effet un dilemme terrible qui se pose : qu’y a-t-il de plus urgent, l’opération militaire destinée à sauver Israël ou sauver la vie des otages ? Pourtant, l’optimisme est permis. Pour résoudre le dilemme, il convient de constater l’existence de deux points de vue : celui des familles des otages, pour qui cet aspect est essentiel, et celui des autorités israéliennes qui mènent une guerre sur plusieurs fronts et pour lesquelles la question des otages n’est, par définition, qu’un aspect de cette guerre. Autrement dit, si les intérêts des autorités israéliennes et les intérêts des familles des otages convergent la plupart du temps, ils peuvent diverger en fonction des circonstances. Comprendre que les intérêts du gouvernement et ceux des familles ne sont pas les mêmes est impératif.

Pour faire prévaloir l’intérêt des familles, pour faire entendre la voix des otages, les mamans des otages, les « Moms », doivent exister sur le plan politique. C’est le moyen pour elles de peser sur les décisions du gouvernement. En effet, c’est en existant politiquement qu’il est possible de demander des comptes détaillés aux autorités israéliennes et d’obtenir une information précise et actualisée. Peser politiquement, c’est être sûr que la question des otages reste au premier plan des préoccupations du gouvernement. Pour peser politiquement, il faut être organisé, structuré. MForce.one est la structure créée pour obtenir du gouvernement des éléments d’information précis et des engagements clairs. Existant comme acteurs au plan domestique via MForce.one, les mamans deviennent ipso facto un interlocuteur des autres acteurs, régionaux ou internationaux. C’est l’ambition de MForce.one que d’engager un dialogue avec tous les acteurs, sans exclusive, pour déterminer quelles sont les meilleures options pour libérer les otages.

MForce.one a pour vocation de proposer les voies d’action qui lui sembleront les meilleures, quelle que soit la position officielle des autorités de tel ou tel pays.

Il faut bien comprendre que la situation sur le terrain est beaucoup plus complexe que celle qui est présentée par les différents acteurs : chacun des protagonistes, autorités israéliennes, branche politique et militaire du Hamas, médiateurs, etc. a intérêt à prétendre maîtriser la situation. La réalité est tout autre : les otages ont, semble-t-il, été capturés par des groupes différents, pas nécessairement affiliés au Hamas ; certains groupes ont, peut-être, vendu ou revendu leurs otages à d’autres groupes ; certains de ces derniers groupes seraient, peut-être, enclins à les monnayer ou à les échanger contre des garanties ; la rupture des lignes de communication entre unités du Hamas aboutit à une multiplication d’interlocuteurs, etc.

Dans ces conditions, les propositions éventuelles des autorités israéliennes, par exemple un échange entre otages et condamnés effectuant leur peine en Israël, si elles peuvent être intéressantes pour certains dirigeants du Hamas, ne le sont pas pour d’autres détenteurs d’otages. C’est pourquoi il convient d’examiner toutes les options, sans a priori. Écouter ce que des détenteurs d’otages (qui ne sont pas dans le circuit « officiel » de négociations) ont à dire est crucial. MForce.one peut aider à les entendre et c’est là notre but premier.