NAISSANCE DE L’OBSERVATOIRE ETHIQUE ET SANTE HUMANITAIRE
Actif dans le petit monde dit humanitaire depuis plus de trente ans, d’abord avec le Croissant-Rouge palestinien, l’OMS et enfin Médecins du Monde, cela fait plusieurs années que je me questionne sur le sens de nos actions. Que ce soit au Rwanda, après le Tsunami en Asie du Sud Est ou suite au tremblement de terre en Haïti, j’ai été profondément bouleversé et parfois indigné par une certaine arrogance vis-à-vis des institutions et des populations que nous pensons aider, accompagnée par fois d’une attitude néocolonialiste. Que nos projets n’améliorent pas la situation des populations pour lesquelles nous sommes censés agir est déjà en soi grave, mais que notre présence soit parfois toxique et aille à l’encontre des principes humanistes qui soutiennent nos actions devrait nous interroger et nous alarmer.
Offusqué par ce triste spectacle humanitaire, je me suis demandé si le principe de non-malfaisance, Primum non nocere — d’abord ne pas nuire —, ne devait pas précéder celui de bienfaisance au même titre que celui du droit d’ ingérence cher aux pionniers de cet humanitaire new- look. Puisqu’on ne critique pas la bonté, je me suis aussi rendu compte de la complexité à adopter un esprit critique et d’analyse dans un domaine concurrentiel où chaque organisation défend son territoire, son image et sur tout ses besoins financiers. J’ai donc imaginé un outil qui pourrait pallier ce manque : l’Observatoire Éthique et Santé Humanitaire.
Fondateur et ancien président de Médecins du Monde Suisse.
Professeur agrégé à la faculté de médecine de Montréal.